Il faut "un gouvernement d’union nationale" au Liban, plaide le cardinal Nasrallah Sfeir


Le cardinal Nasrallah Sfeir, patriarche de l’Église maronite, estime dans un entretien publié mercredi dans le quotidien français "La Croix" qu’il faut un gouvernement d’union nationale au Liban pour sortir de la crise actuelle.

Alors que l’armée libanaise encercle depuis dix jours les miliciens du Fatah al-Islam retranchés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared (nord), le cardinal Sfeir pense que "la bonne solution, c’est qu’il y ait un nouveau gouvernement".

Le gouvernement actuel de Fouad Siniora "est attaqué sévèrement et il fait ce qu’il peut pour maintenir l’ordre dans la mesure du possible", dit-il. "Il faut un gouvernement d’union nationale qui nous fasse passer cette période difficile", argue le patriarche de l’Église maronite. "Cette formule a déjà été utilisée plusieurs fois dans le passé et elle a permis de stabiliser la situation."

"Par ailleurs, le mandat du président de la République est arrivé à son terme. Il faut éviter un vide institutionnel au niveau de la présidence", ajoute le prélat. "Ensuite, il faudra procéder à de nouvelles élections parlementaires. Auparavant, une loi électorale devra être élaborée."

Quant aux miliciens retranchés à Nahr el-Bared, ils "sont venus d’un peu partout". "Ce sont des hors-la-loi, des mercenaires qui viennent attaquer dans le but bien déterminé de déstabiliser le pays", juge-t-il. "Certains leur donnent des armes et de l’argent. Ce n’est pas tolérable".

Pour le cardinal, "dès qu’on s’est aperçu de leur dessein, on aurait dû ne pas les admettre dans les camps. Mais le mal est fait et la tâche de l’armée est difficile, parce qu’elle veut atteindre les malfaiteurs sans toucher les habitants du camp".

A ses yeux, "la crise de Nahr-El-Bared a été provoquée dans l’espoir d’entraver le processus de formation du tribunal" international pour juger les assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Mgr Sfeir reconnaît qu’il aurait "souhaité que les chrétiens soient unis". "Certains disent que ce n’est pas nécessaire et que les chrétiens peuvent être dans deux camps différents. Je veux bien l’admettre, à condition qu’ils ne s’attaquent pas mutuellement, ce qui malheureusement n’est pas le cas", explique-t-il. "Ce n’est bon ni pour le pays, ni pour les chrétiens". Et de demander "aux chrétiens de ne pas se disputer, même si les uns sont dans la majorité avec (Saad) Hariri et les autres (notamment Michel Aoun) dans l’opposition avec le Hezbollah".

31 Mai 2007

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