Fille de Byblos, petite ville de mon Sud, amoureuse et rebelle
Pieds nus, avec sa robe de mariée, ce soir toute déchirée
Elle marche dans ses ruelles très étroites
Elle a sans doute rendez-vous avec mille étoiles
Et les mille étoiles étaient au rendez-vous
Bint Jbeil, la plus belle des belles de mon Pays
La plus brune des brunes, a déjà choisi son amoureux
Sauf que son amoureux s'appelle à la fois Samir,
Mahmoud,
Mouhamad,
Rami,
Youssef, ...
La plus belle des filles de mon Pays venait d'épouser mille hommes, mille résistants
Elle en est fière; elle est chrétienne et défie le Pape
Oui, elle a épousé mille hommes, tous bruns, forts et fiers de leur petite ville
De sa robe toute déchirée, elle veut s'en débarrasser
Elle se déshabille, puis toute nue, elle avance, elle avance, elle avance
Les pierres qui bordent la ruelle lui sourient
Les chênes se prosternent à ses pieds
Les étoiles jouent une des plus belles symphonies célestes
La voie lactée dessine au ciel du rouge, du blanc flanqué d'un cèdre puis du rouge
Le temps s'est arrêté et l'espace s'est dilaté
Elle avance encore, puis encore
Au bout de cette ruelle, l'attendaient
L’uranium appauvri
Le phosphore et l'acier de la haine
Elle avance
Elle sourit
Elle est plus belle qu'hier
Après avoir épousé mille étoiles
Elle avance encore
La haine la guette ; la haine a peur d'elle
Elle avance
Puis comme un éclair, comme un grand feu, elle disparaît
En faisant disparaître avec elle la haine
Bint Jbeil est libre
De nouveau, elle se fixe rendez-vous avec ses mille amants
Pour faire simplement l'amour à l'ombre d'un cèdre