AUBRAC ET GANDHI …. OU L’ACTE RESISTANT


Notre pays traverse en ce moment une période que nous pouvons qualifier la plus délicate : celle dite des « présidentielles ».

Notre Président de la Chambre des Députés, par souci grandissant de nous épargner les spectres du chaos et d’une nouvelle guerre civile, a inversé l’ordre logique des processus aboutissant à un Etat Démocratique et Souverain : abandon de la revendication d’un gouvernement d’unité nationale précédant l’échéance présidentielle.

Nous saluons cet acte courageux et historique et nous exprimons à l’un des grands visages de notre Résistance qu’est Nabih Berri notre sympathie et surtout notre attachement aux nobles valeurs qu’il incarne.

Mais aussi, face à cette  période des grands dangers, et par amour de tous nos martyrs de tous les temps et de tous les lieux, de Qana la belle résistante à nos soldats résistants de Nah Al Bared, nous resterons fermement attachés à cette simple et noble idée d’un Liban définitivement débarrassé du féodalisme confessionnel et de sa bastille où règnent le pouvoir de l’argent, la corruption, le mensonge, l’hypocrisie, la violence et la soumission.

Nous ne nous résignerons pas ; la méfiance, la vigilance et le doute nous guideront en permanence dans nos actes de résistance.

Méfiance, vigilance et doute car nous ne croyons pas à la sincérité des individus qui, pas plus qu’hier, applaudissaient au déluge de feu et d’acier qui s’abattait sur nos enfants, nos familles et nos vaillants résistants de notre Sud meurtri.

Méfiance, vigilance et doute car nous sommes convaincus que les hommes du féodalisme confessionnel ne renonceront jamais à leurs privilèges et s’attèleront à faire perdurer leur système, malgré sa faillite dans toutes les sphères de la vie.

Mais aussi nous agirons afin que l’acte de résistance s’enracine dans tous les cœurs et se prolonge au-delà de nos croyances, de nos idéologies, des classes sociales auxquelles nous appartenons, de nos préférences et de nos différences.

Les hommes de la bastille ne pourront pas étouffer cet acte car il sera simultanément fusil lorsqu’il s’agira de la défense de la souveraineté de notre pays, de l’intégrité de son territoire et de la protection des populations civiles et amour infini lorsqu’il s’agira de répondre à l’incompréhension, l’intolérance et la violence des nôtres.

Cet acte de résistance s’exprimera haut et fort dans toutes les sphères de la vie : la défense de notre souveraineté, la justice sociale, l’économie, l’environnement, la protection sociale de nos travailleurs, de nos familles, de nos retraités, de nos handicapés et de nos orphelins, l’éducation de nos enfants, la protection de notre patrimoine historique, l’attachement à nos nobles causes et à notre solidarité envers tous les peuples qui souffrent et qui résistent, l’attachement à la paix tant souhaitée et attendue par les peuples,…

Cet acte de résistance frappera de nouveau à la moindre agression  venue de l’extérieur ; mais aussi il réagira avec détermination, face à l’intolérance et à la violence, par la parole qui dit vrai et qui vise juste.

Par cet acte de résistance pacifique dépassant nos croyances, nos appartenances confessionnelles et nos différences, nous revendiquons la remise en cause d’un système électoral et de sa loi que l’Histoire a condamnés.

Nous persistons à appeler à la tenue des élections législatives anticipées le plus rapidement possible sur la base de la proportionnelle et de la suppression du confessionnalisme, ce processus devant aboutir à un parlement représentant mieux notre peuple, agissant efficacement pour l’intérêt général et surtout éradiquant définitivement le spectre d’une nouvelle guerre civile.

Mais aussi ce nouveau parlement devra sans tarder élire un nouveau président de la République qui aura, préalablement à son élection, présenté son programme dans ses deux grands volets de la souveraineté de notre pays et de la justice dans toutes les sphères de la vie.

Notre président ainsi élu, viendra ensuite la formation d’un gouvernement d’unité nationale qui s’attèlera en priorité à trouver les solutions adéquates à tous les problèmes touchant tous les domaines : la défense nationale, la réforme  tant sur le plan du pouvoir politique et de l’économie nationale que sur celui de la justice sociale, de l’éducation, de la protection de l’environnement et de notre patrimoine.

 

Le temps des logiques qui génèrent les conflits confessionnels aboutissant, malgré les souffrances de notre peuple, à des hypocrites embrassades sur un fond de protection du féodalisme confessionnel et de celles, réductrices, qui se contentent de la polarité : majorité / opposition est révolu.

Notre Liban est déjà rentré dans l’ère de la résistance, à la fois armée en juillet 2006 et à Nahr Al Bared en 2007 et pacifique face à la bastille du féodalisme confessionnel et de ses privilèges et à ses défenseurs qui n’hésiteront pas à recourir à la violence, lors de sa prise inéluctable.

Beaucoup des nôtres sont tombés, à la main, tantôt le fusil, tantôt la rose, l’œillet ou le rameau d’oliviers.

D’autres encore tomberont, les uns le fusil à la main pour défendre le territoire et nos populations civiles, les autres tendant le rameau d’oliviers, la rose ou l’œillet jusqu’aux inéluctables prise de la bastille et naissance d’un État souverain et démocratique…

Le Liban, fier de ses fils tombés martyrs, est déjà rentré dans l’ère de Lucie Aubrac et de Gandhi.

 

3 septembre 2007

Raymond RICHA

RETOUR AU SOMMAIRE